Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Place de l'esplanade, 2011, diagnostic

La ville de Saint-Omer prévoit de construire, Place de l’Esplanade, un parking sur deux niveaux. L’importance des travaux d’aménagement envisagés qui sont localisés dans un environnement archéologique riche (le projet se situe dans le cœur historique, à l’emplacement supposé d’un château comtal) a conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une opération de diagnostic archéologique. Cette dernière a été réalisée par le Centre Départemental d’Archéologie entre le 14 mars et le 1er avril. L’opération de diagnostic a mis au jour sur une surface de plus de 6 000 m2, des vestiges dans un remarquable état de conservation pour un contexte urbain. Ces derniers sont apparus sous le niveau de chaussée, soit à une profondeur comprise entre 0.40 mètre et 1 mètre.

Un faubourg au nord de la ville de Saint-Omer ?

Des vestiges d’un habitat datés des 11ième et 12ième siècles ont été repérés au sud-ouest du site dans deux sondages. Il s’agit de niveaux d’apprêt de sol damé en limon, surmontés de fins litages noirâtres, de remblais, de trous de poteau et d’un foyer. Cette stratigraphie se développe au-dessus d’un niveau de champ mal daté, sur une cinquantaine de centimètres d’épaisseur. La surface d’extension de cette occupation est estimée à 670 m2.
Le contexte prédispose à l’essor d’un faubourg dans ce secteur : l’habitat est situé à 150 m environ de l’enceinte urbaine du 11ième siècle, en périphérie des secteurs marécageux et de la voie de communication fluviatile de Haut Pont qui est connectée à l’Aa. Au sud, intra-muros, le grand marché au blé de la ville, très actif, a sans doute également participé au développement d’un habitat périurbain.

Le site castral

Au début du 13ième siècle, lors du rattachement du comté d’Artois à la couronne de France, une quatrième enceinte urbaine est en chantier qui intègre notamment les faubourgs au nord. Le site de l’Esplanade est ouvert sur des terres et non sur des marais, conduisant le comte Louis, fils du roi de France, à renforcer la défense de ce secteur en y établissant le château comtal.

Mur découvert lors du diagnostic.

Le diagnostic a mis au jour une partie de la courtine nord et l’entrée primitive à l’est du château comtal, soit environ 40 % du site d’origine (1 200 m2, le reste ayant été détruit lors de la construction d’un complexe cinématographique). Les maçonneries ont été épierrées à la révolution mais il subsiste des éléments en fondation (courtine nord) et une partie des élévations de la tour d’entrée nord. Des aménagements (canonnière, galerie ?) et des indices de transformations des fortifications (tour d’entrée nord, renfort de la tour sud) ont pu être identifiés.
Intra-muros, une séquence de sols, conservée sur 1 m de haut, de bâtiments adossés à la courtine a été isolée, associée à des poteaux massifs ainsi que des grands foyers. Cette stratigraphie a été datée des 13ième et 15ième siècles, les niveaux et les constructions tardifs du site ayant disparu à la suite du réaménagement de la place après la révolution.
Les fossés défensifs occupent une grande partie du site (4 000 m2). Très profonds (plus de 3.50 m sous la chaussée), ils n’ont pas pu être observés dans leur globalité. Toutefois, l’examen de leur comblement a permis de reconnaître plusieurs phases de creusement, de comblement et d’extension du système fossoyé entre le 13ième siècle et la révolution.
Le franchissement du fossé n’a pas été retrouvé. En revanche, des habitats en bordure extérieure de fossé et un glacis ont été mis au jour à l’est et au nord-est.

La campagne de fouille de 1997 située au sud du site de l’Esplanade (Place Painlevé, Barret et al 1998) avait concerné l’habitat urbain médiéval uniquement, le château comtal n’ayant pas été prescrit. Le site de l’Esplanade reste donc la dernière opportunité d’explorer le château, siège du pouvoir comtal, dont la configuration d’origine comme ses transformations demeurent méconnues. De plus, dans la région, les exemples étudiés se rapprochant le plus du château de Saint-Omer, (le Palais Rihour et le château royal de Lille, le château de Selles de Cambrai et le Château-le-Comte de Valenciennes), n’ont été, à ce jour, que partiellement explorés par l’archéologie (Motte, Roumégoux 2010, Blieck et al 2002).

vue de la tranchée en cours de fouille

Références du rapport

Willot 2011 : WILLOT (J.-M.). (dir.), DELAGE (M.)

Saint-Omer, Place de l’Esplanade.

Rapport final d’Opération de Diagnostic. Dainville : Centre départemental d’Archéologie du Pas-de-Calais, 2011, 183 pages, 99 figures.

Références bibliographiques

Barret et al. 1998 : BARRET (M.), ROUTIER (J.-CL.), ROY (E.)

Saint-Omer, Esplanade, Place Paul Painlevé (Pas-de-Calais).

Document Final de Synthèse, 1998.

Motte, Roumégoux 2010 : MOTTE (V.), ROUMEGOUX (Y.)

Le château de Selles à Cambrai. Étude historique et monumentale.

Suivie des observations archéologiques de 1995 à 2006. Douai : ARKEOS, 2010, 118 p. (Archæologia Duacensis ; N° 29).

Bliek et al. 2002 : BLIEK (G.), CONTAMINE (PH.), FAUCHERRE (N.), MESQUI (J.)

Le château et la ville, conjonction, opposition, juxtaposition (XIe-XVIIIe siècle) :

125ième Congrès National des Sociétés Historiques et Scientifique, Lille, 2000. Paris : Comités des travaux historiques et scientifiques. 2002.