Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Saint-Omer, Place Saint-Jean, le Conservatoire, 2011, diagnostic

La communauté d’Agglomération de Saint-Omer prévoit d’agrandir, Place Saint-Jean à Saint-Omer, le conservatoire de musique sur 500 m2. L’importance des travaux d’aménagement envisagés qui sont localisés dans un environnement archéologique riche (le projet se situe dans le cœur historique de la ville, à l’emplacement de l’église paroissiale Saint-Jean et de son cimetière) a conduit le Service Régional de l’Archéologie à prescrire une opération de diagnostic archéologique. Cette dernière a été réalisée par le Centre Départemental d’Archéologie entre le 4 juillet et le 19 juillet 2011.

Les sondages ont livré des informations sur l’église paroissiale et son environnement proche. Deux grandes tranchées de pillage ont été repérées qui correspondent probablement à la récupération des murs médiévaux ou modernes nord et sud de l’édifice. De même, les fondations mises au jour dans deux sondages concordent parfaitement à un édicule accolé à l’église ainsi qu’à un aménagement tardif situé contre le cœur, tous deux visibles sur un plan de 1783.

Très tôt, autour de l’église, une chaussée est aménagée ; repérée uniquement dans le sondage 2, elle semble en usage et rechargée jusqu’à la démolition de l’édifice religieux. De même, un cimetière se développe sur une longue période le long du mur latéral sud, sur une bande de 3.50 mètres de large au minimum, et plus largement autour du chœur. Deux phases ont clairement pu être identifiées dans ce cimetière correspondant éventuellement à des périodes de restructurations de l’église. Les individus mis au jour sont des adultes, enterrés dans des cercueils ou des coffrages.

Des corrélations entre la stratigraphie des sondages ont pu être établies, les niveaux étant bien caractérisés. Ainsi, un phasage de l’occupation peut être proposé avec une certaine certitude. En revanche la datation de ces ensembles est plus problématique, la fouille des niveaux ayant livré très peu de mobilier (290 éléments de toute nature) dont les deux-tiers proviennent d’un niveau de cimetière. De plus, le brassage continu des niveaux de cimetière constitue un obstacle supplémentaire pour une datation fine des ensembles dans le cadre d’un diagnostic faiblement intrusif. Toutefois, une certaine cohérence ressort entre la stratigraphie et la datation de quelques vestiges permettant une première approche chronologique.

Phase 1 : Les niveaux de chaussée sont apparemment les installations les plus anciennes du secteur. Un niveau de construction lié à un bâtiment (l’église ?) a été repéré dans deux sondages.

Phase 2 : Un cimetière se développe entaillant les niveaux de chaussée. Le remblai du niveau de cimetière est un limon brun ou marron comportant des nodules de calcaire, de tuiles et de mortier. Il a été repéré dans tous les sondages.

Ces deux premières phases ont été datées du bas Moyen-âge (XIIIe-XVe siècles) grâce au mobilier.

diagnostic dans la rue.

Phase 3 : Un second niveau de cimetière se développe au-dessus du précédent qui se différencie par un aspect plus hétérogène ainsi que des inclusions de plus grandes tailles et différentes (briques, ardoises, mortier et calcaire). La chaussée qui est régulièrement rechappée et rehaussée avec la pose de nouveaux matériaux est toujours entaillée par le creusement des sépultures. L’édicule et l’aménagement du chœur sont probablement construits lors de cette phase, au-dessus du niveau de cimetière.

Cette phase a été datée de l’époque moderne, entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle pour les vestiges les plus tardifs.

Phase 4 : Elle marque la destruction de l’église avec un nivellement du secteur. Les grandes maçonneries des murs nord et sud de l’église repérées dans deux sondages sont pillées lors de cette phase.

Pour conclure, le site est remarquablement bien conservé, avec des vestiges qui apparaissent à 0.40 m de profondeur sous la chaussée actuelle et une stratigraphie qui se développe sur 1.50 m de haut hors excavation dans le substrat.

vue générale de la phase 1 du diagnostic.

Référence du rapport

Willot 2011 : WILLOT (J.-M.).

Saint-Omer, Place Saint-Jean, le Conservatoire.

Rapport final d'opération de diagnostic. Dainville : Centre départemental d'Archéologie du Pas-de-Calais, 2011. 116 pages, 66 figures.