Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Oisy-le-Verger, Sauchy-Lestrée, Canal Seine-Nord Europe, secteur 4, site 7, 2022, diagnostic, bilan des occupations protohistoriques

Les résultats du diagnostic viennent compléter les découvertes adjacentes faites lors des précédentes opérations archéologiques du Canal Seine-Nord Europe, notamment le diagnostic de D. Gaillard réalisé en 2008 (Gaillard, Gustiaux, 2009). À la suite de ce diagnostic, deux fouilles avaient été effectuées en 2010 par P. Lefèvre pour les Langgräben (Lefèvre 2010) et par J.-D. Desforges pour l’habitat et la nécropole laténienne du Grotin (Desforges, 2011).

Les Langgräben de l’âge du Bronze ?

Dans le prolongement des monuments fouillés en 2010, le plan du deuxième Langgräben de Oisy-le-Verger est désormais complet et mesure 37 m de long sur 7 m de large. Aucune sépulture à proximité ne confirme à ce jour le caractère funéraire de cet ensemble. Les diagnostics de 2008 et 2022 et la fouille de 2010 ont permis de décaper une surface de plus de 200 m tout autour de ces deux enclos allongés, à l’exception de sa partie est, connue uniquement en diagnostic pour le moment.

Ces monuments particulièrement visibles dans le paysage se retrouvent principalement à l’âge du Bronze et devaient caractériser des éléments structurants forts. Souvent, ils agrègent autour d’eux des tombes et d’autres enclos circulaires, créant des espaces funéraires qui s’étendent parfois sur des centaines de mètres. La compréhension des sites funéraires des sociétés de l’âge du Bronze s’enrichit notamment grâce à des décapages les plus larges possibles autour de ces monuments (CNRA, 2016 : 79). La mise au jour de la suite du tracé du monument lors du diagnostic constitue l’occasion d’agrandir encore un peu plus la fenêtre d’observation autour de cette implantation au caractère exceptionnel.

De plus, la datation du monument de Oisy-le-Verger interroge. Le résultat obtenu est compris entre 2880 et 2633 avant notre ère, soit au Néolithique final. Les monuments régionaux répertoriés ne semblent pas être fondés au Néolithique. La question de la validité de l’échantillon a été posée, ce dernier était de dimensions suffisamment importantes pour ne pas témoigner de migrations taphonomiques. Il existe toujours le risque que les éléments provenant du comblement de la tranchée soient issus de remplissages remaniés (provenant de structures néolithiques ?). Néanmoins, aucun vestige attribué au Néolithique final n’a été découvert dans les environs.
Les monuments de Oisy-le-Verger sont les quatrième et cinquième identifiés dans le Nord-Pas-de-Calais et le chiffre atteint la dizaine à l’échelle des Hauts-de-France. Les interprétations concernant la nature, funéraire ou non, et la datation de ce monument restent ouvertes. Les premiers résultats mettent en évidence l’intérêt de poursuivre les recherches par des fouilles préventives qui permettront probablement de multiplier les analyses et de comprendre enfin, dans le détail, le rôle de cet ensemble.

Les silos de La Tène ancienne

Plus au sud, sur les zones 3 et 5, 4 silos de La Tène ancienne ont été fouillés. Le silo le plus au nord se situe à environ 1 km de la batterie des 3 silos identifiés plus au sud. Tous se sont révélés riches d’informations. Leurs comblements ont notamment livré de nombreux déchets liés à des activités de réduction de minerais de fer et d’alliages cuivreux. Les nombreux rejets de faune sont caractéristiques d’une consommation de viande principalement issue de troupeaux domestiques. Les espèces majoritaires sont représentées par la triade domestique des bœufs, caprinés et porcs, suivies par le chien et le coq. Le cerf compose l’essentiel de la faune sauvage. Trois éléments d’industrie osseuse ont également été découverts dans ces silos, à savoir un poinçon, un peigne et un manche. La céramique présente un corpus large de vaisselles à usages variées de cuisson, de stockage et de service. Finalement, le comblement de ces silos, en plus de leur fonction agricole, indique la proximité d’un secteur domestique et probablement d’aires liées à l’artisanat métallurgique.
L’identification de ces aires d’habitat et d’artisanat reste à préciser, elle ne se situe vraisemblablement pas sur l’emprise du diagnostic. De même, la fouille du Grotin réalisée dans la parcelle attenante à l’ouest ne mentionne pas de vestiges de La Tène ancienne. Les premières structures sont datées de La Tène moyenne et finale et concernent un petit ensemble funéraire de 3 à 4 tombes (Desforges, 2011).
Les vestiges de La Tène ancienne les plus proches connus sont situés à environ 1,5 km au sud, sur la plateforme de Sauchy-Lestrée / Marquion. Il s’agit d’une occupation de type domestique, vraisemblablement structurée autour d’un enclos double (Lefèvre, Sarrazin, 2016).

Les réseaux parcellaire et viaire des périodes laténienne et gallo-romaine

Les traces d’une structuration parcellaire sont visibles dans la partie sud du diagnostic. Les fossés se mettent en place à la période laténienne.
Tout au sud de l’emprise, un chemin antique a été identifié. Il correspond à un axe déjà observé plus à l’ouest sur la fouille du Grotin (Desforges, 2011). Le faible nombre de vestiges gallo-romains est à signaler dans ce secteur connu pour ses nombreuses occupations antiques.

Vue d'une tranchée de diagnostic

Référence du rapport

Panloups et al., 2023 : Élisabeth Panloups, Axel Beauchamp, Dimitri Boutteau, Justine Cadart, Jérémie Chombart, Christelle Costeux, Marine Haddad, Emmanuelle Leroy-Langelin, Nicolas Majchrzak, Marion Szurhaj,

Oisy-le-Verger / Sauchy-Lestée (Pas-de-Calais), Canal Seine-Nord Europe (CSNE), Secteur 4 - Site 7,

Rapport final d’opération de diagnostic, Dainville : édition Direction de l’Archéologie du Pas-de-Calais, 196 pages, 100 figures.

Oisy-le-Verger, Sauchy-Lestrée