Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Marquise,« Le Guindal », Parcelles AM 742, 744, 751, 752, 732p, 736p, 2021, diagnostic

L’opération de diagnostic réalisée au lieu-dit Le Guindal, au sein des parcelles AM 742, 744, 751,752, 732p et 736p, sur une surface de 22 918 m², a révélé des vestiges s’échelonnant du Néolithique à nos jours. Notons qu’une partie du terrain était inaccessible, ce qui porte la superficie réelle pour l’intervention à 19 940 m². Dix tranchées ont été réalisées ainsi que deux fenêtres pour une superficie correspondant à 10,7 % de la surface prescrite. Le secteur a déjà fait l’objet de nombreuses interventions archéologiques préventives, tant de diagnostics que de fouilles. À proximité immédiate de la présente intervention, rappelons le diagnostic de la Plaine du Canet directement à l’est (Merkenbreack et al. 2014) et les fouilles menées le long de l’avenue Ferber sur le Mont de Cappe, juste à l’ouest (Maniez et al. 2012a et b ; Merkenbreack et al. 2019).

microdenticulé,

Cette opération nous permet de compléter les données archéologiques abondantes de ce secteur de Marquise et ce pour plusieurs périodes chronologiques.

En premier lieu, la période néolithique a pu être caractérisée par la présence de mobilier céramique et lithique piégé dans une fosse karstique. Les phénomènes karstiques à l’œuvre au cours du Néolithique sur Marquise ont été documentés lors de la fouille du Parc d’Activités des 2 Caps, située au nord-est de l’emprise (Panloups et al. 2019). Scellées au cours du Néolithique final, ces dépressions sont liées à une réactivation des réseaux karstiques à la transition entre l’Atlantique et le Subboréal, soit aux alentours de -3800 avant notre ère. Cette reprise s’explique par une dynamique de ruissellement particulièrement vive à la fin du Néolithique moyen (-4200 / -3600 avant notre ère), pouvant résulter d’une péjoration climatique globale. L’autre intérêt de ce diagnostic pour le Néolithique réside en la mise au jour de tessons campaniformes associés à de la céramique de type Deûle-Escaut, permettant d’affiner la datation de cet ensemble à la phase récentedu Néolithique final, entre -2400 et -2200 avant notre ère. Cet assemblage traduit également de probablescontacts entre ces deux populations sur ce secteur littoral, particulièrement important dans la mise en place de relations avec le sud de l’Angleterre qui vont s’accroître et se confirmer par la suite (Praud et al.2019).

En second lieu, pour la Protohistoire, le diagnostic a permis de révéler la présence d’un nouveau cercle pour le territoire de Marquise. Au regard du contexte général, le fossé circulaire en question, de 6,30 m de diamètre, peut-être attribué à la Protohistoire et vraisemblablement à l’Âge du bronze. En revanche le caractère funéraire ne peut être affirmé. Aucune tombe n’a été mis au jour en son centre et aucun mobilier n’a été collecté pour cette structure dont l’attribution chronologique est proposée par comparaison, notamment avec un cercle découvert lors de la fouille réalisée en 2008 par Jérôme Maniez (Maniez et al. 2012a) ; notons aussi la présence de deux cercles funéraires fouillés en 2017 par Emmanuelle Leroy-Langelin (Leroy-Langelin et al. 2019).

La période romaine est caractérisée par une fosse et un fossé ayant livré quelques tessons céramiques caractéristiques, mais une partie des vestiges non datés pourrait potentiellement être attribuable à cette période. On peut noter que les vestiges antiques fossoyés mis au jour à l’est de la rue du Canet en 2013 possèdent la même orientation que le fossé découvert présentement. En revanche, il ne semble pas y avoir de continuité du système fossoyé du Canet vers le Guindal, ce qui laisse à penser qu’à l’emplacement de l’actuelle rue du Canet devait exister un élément topographique fort, fossé ou chemin.

Presque tout le Guindal est désormais aménagé et chaque opération du secteur a livré des vestiges depuis le Néolithique jusqu’à la période romaine et certaines interventions ont été riches en découvertes d’importance. Il convient donc de rester vigilent sur l’artificialisation inéluctable des quelques parcelles vierges restantes.

Référence du rapport

Merkenbreack (V.), Panloups (É.), Cadart (J.),

Marquise, Le Guindal - Parcelles AM 742, 744, 751, 752, 732p, 736p,

Rapport final d’opération de diagnostic, édition Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2021, 70 pages, 30 figures.