Archéologie - Pas-de-Calais le Département
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Avesnes-Lès-Bapaume, Route d'Albert, parcelles ZH 77, 78 et 79, 2016 - 2017, fouille préventive

La société Coopérative Unéal et le Groupe Advitam prévoient la construction d’une station de semences sur la commune d’Avesnes-lès-Bapaume, route d’Albert (RD 929) sur une surface de 7 ha. Ce projet d’aménagement a conduit le Service régional de l’Archéologie à prescrire une opération de fouille de 4 ha. Elle a été menée par la Direction de l’archéologie du Pas-de-Calais, de juillet 2016 à mars 2017. L’étude du site étant en cours, les données suivantes proviennent des observations de terrain et des premiers résultats des études à l’issue de la fouille. Cinq périodes chronologiques ont été identifiées : le premier et le second Âge du Fer, le Haut et le Bas-Empire romain et la période contemporaine avec de nombreux vestiges de la Première Guerre mondiale.

Située au nord-ouest du site, l’occupation du premier âge du Fer se matérialise par la présence de plusieurs structures de stockage. Il s’agit de silos de grande contenance creusés dans le plateau limoneux. Ils ont livré des restes de céréales, de la céramique attribuable au premier âge du Fer ainsi que des pesons en terre cuite. L’habitat associé à cette zone de stockage, qui semble se développer vers l’ouest sur des parcelles non prescrites, n’a pas été mis au jour.

Le second âge du Fer correspond à un système fossoyé qui se met en place à La Tène finale et qui va structurer l’espace. Il occupe toute la partie nord-est du site. Plusieurs structures sont associées à cette période sans pour autant témoigner d’une réelle forme d’habitat.

Au Haut-Empire, l’organisation parcellaire s’étoffe et une production artisanale de céramique se met en place. Trois fours de potier et une tessonière ont été mis au jour. Deux des trois fours sont à double alandier. Plusieurs tombes à crémation datées des Ier et IIe s. de notre ère ont été fouillées le long d’un grand fossé qui pourrait également être un chemin encavé. Ce fossé vient s’embrancher sur les fossés bordiers de la voie Amiens-Cambrai qui a été révélée lors de la fouille. Elle se matérialise par des doubles fossés bordiers et un niveau de circulation très érodé où subsiste par endroits un cailloutis de silex ainsi que des ornières. L’ensemble fossés et chaussée avoisine une largeur de 7 m et présente une orientation SO-NE de 55° est du Nord Lambert 93.

C’est le long de cette voie que va s’agglomérer un habitat qui perdure jusqu’au Ve s et qui occupe toute la partie sud du site. De nombreuses fosses de grande taille, des celliers, des puits, 2 caves et un grand bâtiment de 33 m de long sur fondations de craie pilée ont été mis au jour lors de la fouille. Ces vestiges témoignent d’une agglomération routière qui s’étend au-delà de l’emprise de l’opération et dont l’étendue nous est aujourd’hui inconnue. Les nombreuses structures ont livré un abondant mobilier archéologique qui témoigne de l’activité domestique et artisanale de l’agglomération. Plusieurs fosses situées à proximité du grand bâtiment ont livré un grand nombre d’os de bas de pattes et de cranes de bovins qui entrent dans la catégorie des déchets de boucherie.

Concernant le premier conflit mondial, de nombreux impacts d’obus ont été découverts sur l’ensemble de l’emprise (une dépollution pyrotechnique a été nécessaire) ainsi qu’un réseau de tranchées traversant le site du nord au sud et une quinzaine de corps de soldats allemands tombés durant l’été 1918. La conséquence de cette dernière phase chronologique est une destruction partielle du sous-sol et des vestiges qu’il renfermait bouleversant par la même occasion les séquences stratigraphiques.

L’état actuel de la post-fouille ne permet pas d’avancer un phasage plus fin de cette occupation. Les observations réalisées sur le terrain semblent montrer une continuité de l’occupation à partir de La Tène finale. L’étude du mobilier céramique n’ayant pas encore commencé, il est difficile de donner une datation pour la fin de l’occupation mais il semble qu’aucun mobilier ne soit postérieur au Ve s.

La découverte d’une nouvelle agglomération routière le long d’une voie qui n’est connue qu’à travers l’archéologie ouvre de nombreuses perspectives de recherche sur une occupation située en périphérie des territoires des Nerviens, des Atrébates, des Viromanduins et des Ambiens mais à moins d’une journée de marche de leurs chefs-lieux de cité respectifs.

Vue aérienne de Avesnes-les-Bapaumes

Référence du rapport

J. MANIEZ dir., É. AFONSO LOPES, D. BOUTTEAU, J. CHOMBART, D. DELOBEL, É. LECHER, E. LEROY-LANGELIN, V. MERKENBREACK, M. MEURISSE-FORT, Avesnes-lès-Bapaume (Pas-De-Calais), Route d’Albert, Parcelles ZH 77, 78 et 79, Rapport final d’opération de fouilles, éd. Direction de l’Archéologie du Pas‑de‑Calais, Dainville, 2019, 484 p., 397 fig.